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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 15:05

 
MITM-03
 
 
Il y a «CE» regard, certes; mais Roy Dupuis a plus d'un atout dans son jeu. Qu'extraire encore de «physique» de son corps?


Un deuxième outil de séduction, dont on parle généralement assez peu et pourtant d'une importance capitale, est la fascination que peut exercer la voix d'une personne. Ce qui, dans le cas de Michael, s'est révélé être une arme redoutable.

Rarement les acteurs de cette série s'emportent et élèvent la voix: à la Section One, présence d'esprit, rendement et efficacité sont de rigueur, mais surtout, on y a fait du calme, du sang-froid et de la modération une règle de vie. En tant que fidèle bras-droit et héritier présumé de cette nébuleuse institution, Michael se devait d'adopter un ton sobre, posé et uniforme. Mais ce qui appartient à Roy, c'est la saveur de sa voix... lorsqu'il décide de «régler le volume du son»... à la baisse.


En effet, ne pouvant se montrer ni trop piquant ni trop chaleureux, il a - très subtilement - opté pour l'«accommodement raisonnable», pour le tact et la délicatesse, pour une douce, succulente et polie condescendance. Qu'il soit en «mode action» ou en «mode séduction», que les temps soient au commandement, à l'obéissance, à la confrontation ou aux confidences, il s'en tient à une tonalité parfaitement neutre, «d'humeur toujours égale», et à un timbre de voix invariablement bas... Et surtout, bigrement sexy!!!

De quoi édulcorer la probité du personnage... et faire chavirer le coeur de ses partenaires féminines. Car, si le ton est ferme et inflexible, «mi»-paterne, «mi»-péremptoire, la voix est apaisante et ensorceleuse: sucrée, fondante, harmonieuse, voluptueuse... Presque un murmure... Une inflexion très particulière, «à la fois» grave, courtoise et extrêmement caressante qui, à elle seule, suffirait déjà à conférer au personnage ce cachet «dangereusement glamour» qui n'appartient qu'à Michael.


Et enfin, comment ne pas revenir sur cet admirable jeu «de poses et de mouvements», sur cette éminente «façon d'être», de se tenir, de se déplacer dont Michael a également fait sa spécialité et qui le rapproche plus du «Robin des Bois» que du tueur professionnel?

Car, tout dans son apparence, dans ses manières, dans sa gestualité est empreint de majesté: qu'il reste immobile, progresse à pas feutrés ou bondisse de partout, qu'il soit en premier ou en arrière-plan, que son message soit silencieux ou clairement formulé, de chacune de ses postures se dégage une impression d'élasticité, de chaque attitude une sensation de morbidesse... et de puissance.

Une silhouette élancée et bien cambrée, un port olympien, un ton solennel, une démarche chaloupée; classe, sveltesse, dextérité, précision... Tout est mis en oeuvre pour que la transformation en un demi-dieu soit complète... Ou plutôt, en héros d'un moderne roman de cape et d'épée.


Une souveraineté toutefois discrète et nuancée car très paradoxalement associée à un caractère inhabituel de soumission, à un personnage au triomphe modeste et particulièrement révérencieux pour qui dignité et humilité ne font qu'un. Ce qui nous renvoie une nouvelle fois à cette capacité extraordinaire qu'a Roy Dupuis d'illustrer simultanément «L'envers et l'endroit» (Albert Camus), de donner un visage à la duplicité de nos pensées; à cette dualité ou multitude de sentiments contradictoires qui nous anime tous... et que, contrairement à lui, nous maîtrisons souvent mal.


Étudier Michael, tenter d'en élucider le mystère, c'est aller au-delà de l'émotion momentanée, c'est découvrir l'adresse avec laquelle l'acteur parvient à «briller dans l'ombre» en donnant la parole à son corps. C'est révéler combien le silence peut être étourdissant... et trompeur. C'est s'émerveiller devant cette forme insolite de «non-communication» dont il a fait un art à part entière: l'art de donner vie au «vide en soi», à l'émotivement mort!

C'est rester songeur face à cette manière toute personnelle de s'incliner en marchant à reculons, de «courir au ralenti», d'avancer d'un pas «à la fois» hardi et léger, d'allier la grâce à la virilité, de donner du naturel à un rôle très sophistiqué.

C'est aussi méditer sur cette façon plutôt atypique de faire «contre mauvaise fortune bon coeur»... Mais surtout, c'est apprendre à «comment se métamorphoser en une piste verglacée sur laquelle tout le monde glisse»!


Tout ceci, bien sûr, a un nom: TALENT.



 © Michèle Brunel  (Cet article est légalement protégé par  ).
Toute reproduction d'un quelconque article de ce blog est strictement interdite.

 
 
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  • : La Femme Nikita, chef-d'oeuvre inachevé
  • : Le seul site en français entièrement consacré à la télé-série La Femme Nikita (1997-2001). Avec Roy Dupuis et Peta Wilson. En hommage au génie, au raffinement et au talent de tous ceux qui ont su inventer, réaliser, produire et interpréter cette exceptionnelle et inoubliable série. Petit clin d'oeil particulier aussi (et surtout) à cet acteur québécois qui a miraculeusement débarqué dans ma vie au bon moment...
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