LOVE AND COUNTRY (S3.6 - Épisode 50)

Amour  et  patrie

Scénario: Lawrence Hertzog / Réalisation: Ted Hanlan / Première diffusion: 21/03/1999

Étrange épisode que LOVE AND COUNTRY... Une fin sans réels perdants ni gagnants; un épilogue qui laisse un goût amer ainsi qu'une impression d'«inhabituel» qui donne envie de réfléchir: mais qu'a-t-il donc de si spécial?

L'analyse est vite faite: contrairement à tout ce qui précède, on notera l'absence quasi totale d'affrontement ou de provocation entre les personnages principaux, peu d'action, aucune fusillade, pas de violence, de danger ni d'attentats, et donc peu de victimes; une «cible» humaine, intègre et sympathique; un sentiment de malaise général quant aux méthodes employées et à la «réussite» de la mission; aucune pression qui mette douloureusement à l'épreuve les relations d'amour ou d'amitié entre «les membres de la famille». Bref tout l'opposé de ce qui nous est maintenant familier. Et pourtant... Malgré cela, on accroche, on se laisse prendre par l'intrigue, et l'on reste finalement pantois face à ce scénario qui tient plus du thriller psychologique que d'une véritable suite de la série. S'il ne restera pas gravé dans les mémoires, l'épisode n'en est cependant pas moins bon.

L'entrée en matière présente déjà quelques anomalies... Vinito Caspi, l'homme fait prisonnier par l'équipe de Michael, n'est pas un dur, mais plutôt un trouillard... En plus, l'interrogatoire, généralement laissé aux mains de Madeline, est cette fois mené par Opérations. Et si sa façon de faire ne frappe pas directement les esprits, elle prendra une tout autre dimension beaucoup plus tard...

Sur la liste des personnes suspectées ou avérées dangereuses, figure un nom: Nikolaï Markali (David McIlwraith), un homme influent engagé en politique, particulièrement aimé du peuple, qui brigue le poste de président de la Chambre Suprême d'une grande région des Balkans. Toutefois, sa campagne électorale serait illégalement financée par un groupe terroriste du nom de Bottenheim et dont Markali, une fois élu, ne serait plus qu'un homme de paille. Selon Opérations, un assassinat provoquerait des émeutes et pourrait faire tomber le gouvernement. Afin d'éviter ce chaos, il a donc mis en place un plan pour le moins machiavélique qui en laisse plus d'un perplexes... à commencer par George (de la Supervision), mais également Madeline qui, elle aussi, estime que les preuves contre Markali sont insuffisantes. Ce que Opéations réfute obstinément. Et pour cause: la mission a tout d'une vengeance personnelle plutôt que d'une expédition rationnelle.

      

En effet, au cours du briefing, le patron vient de lever le voile sur un élément de son passé: "Voici Corinne Markali, son épouse depuis 21 ans. Nikolaï est son second mari... J'étais son premier"!! Et comment compte-t-il procéder pour rayer l'homme de la liste? "Il faudra travailler de l'intérieur. C'est elle qui va le faire tomber"...!

C'est Walter qui fournira ensuite un complément d'information à Nikita, curieuse, bien sûr, d'en savoir plus sur ce chef implacable et [apparemment] dépourvu de tout sentiment: "Il était prisonnier de guerre mais fut porté disparu. Corinne a attendu un peu, a perdu espoir, puis a épousé Markali. Une fois libéré, il a ainsi décidé de rester officiellement disparu et a rejoint la Section".

Le processus de déstabilisation s'est mis en route... Madeline, pour l'occasion transformée en psychothérapeute, se fait passer pour la remplaçante du médecin-traitant (soi-disant malade) de Corinne Markali (Cherie Lunghi) et la reçoit en consultation pour la première fois: "Vu que vous êtes là, autant parler un peu et prendre la température. Vous souffrez d'anxiété, paraît-il?"... La conversation dévie rapidement sur son mari, son mariage... l'unique chose qui, pour Corinne, semble être au beau fixe dans sa vie. "Nikolaï est magnifique. Depuis toujours. Il est très attentionné, il me soutient et il trouve toujours du temps pour moi". Des certitudes que la Section One va se charger de démonter, petit à petit...

      

- Étape n°1: semer le doute dans sa tête quant à la fidélité absolue de son mari...

Les élections approchent et Markali peut désormais compter sur l'appui d'une nouvelle fervente militante: Nikita a rejoint son Q.G. et s'affaire au téléphone pour organiser la distribution des tracts... Et en profiter pour mettre les lignes sur écoute ainsi que le système informatique sous contrôle. Sur son bureau traîne un livre qui, inévitablement, attirera l'attention de Nikolaï à son arrivée, puisqu'il traite d'art, de pré-réalisme; bref, d'un sujet qui, comme par un heureux hasard, les passionne tous les deux: "Vous ne pouviez pas le savoir, mais après ma famille et mon pays, c'est ce que je préfère". «La cible» est déjà sous le charme. Que d'affinités entre eux: la politique, la sculpture... "Je peux vous déposer quelque part?"

      

Michael est lui aussi à son poste. Alors que Nikita a fait mine d'accepter son invitation et que le couple se dirige vers le parking, un commando à bord d'un véhicule fait son apparition et tire sur Nikolaï. Nikita, «l'ayant vu arriver», jette l'homme à terre et le couvre de son corps: c'est elle qui est blessée, «par chance», seulement au bras... Mais pour Markali, il est clair qu'elle vient de lui sauver la vie. Les liens entre eux se resserrent; comment la remercier? Nikita peut commencer à le sonder et aborde alors, très «ingénument», le thème Bottenheim... Conclusion: rien n'indique que les soupçons de la Section One soient fondés, bien au contraire: "Ce ne sont que des criminels avec un programme politique". Ou encore: "Si je me présente, c'est pour enrayer la corruption, pas pour y contribuer"... Nikolaï a le profil d'un homme droit, bon, honnête... et foncièrement amoureux de sa femme.

Même son de cloche du côté de Madeline à la suite de son deuxième entretien avec Corinne: "Elle aime Markali et lui fait entièrement confiance"... N'en déplaise à Opérations... qui pourra visionner l'enregistrement à son aise, voir et entendre sa femme déclarer qu'elle a depuis longtemps fait le deuil de son ex-mari...

Et cela risque-t-il de contrecarrer les plans? "Non. Une fois sous médicaments, elle sera à notre merci"... Voilà qui ne promet rien de bon.

- Étape n°2: prendre le mari en flagrant délit...

Nikolaï n'est pas homme à rentrer tard à la maison sans prévenir ni à mentir à sa femme. Mais à tout il y a toujours une première fois...

Markali a invité Nikita à dîner au restaurant, mais, bien que toujours à moitié convaincue du bien-fondé de cette mission, Madeline voit les choses autrement: "Dis-lui que tu serais heureuse de pouvoir le recevoir chez toi et de cuisiner pour lui. Tu as une occasion de le séduire; j'espère que tu en seras capable".

Un timing réglé à la perfection... "Walter, le chlorure de fénédryl est-il prêt?" Madeline prépare sa prochaine consultation avec Corinne en vue de la convaincre à changer son traitement: "Je crois que l'anxiété que vous ressentez est une forme de déni; vous éludez quelque chose qui a à voir avec votre relation de couple"... De quoi rendre nerveux n'importe qui... "Prenez ces comprimés, ils sont plus efficaces"... Pauvre femme. Si seulement elle avait pu entendre les paroles de Walter: "La paranoïa va l'atteindre rapidement. En l'espace de 48 heures, elle doutera de tout, sauf de son désir d'en prendre davantage. Ce truc crée plus de dépendance que l'éroïne"...!

Nikita, de son côté, a joué son rôle d'hôtesse à la perfection: le dîner aux chandelles dans un coquet appartement à l'ambiance feutrée et arrosé d'un bon vin a fait que Nikolaï a oublié l'heure; auprès d'elle le temps vole et, après les baisers qu'elle lui a plaqué sur la bouche à plusieurs reprises, comment ne pas avoir envie de l'embrasser, de la serrer dans ses bras?! Mais l'amour qu'il éprouve pour sa femme sera plus fort que tout: au grand dam de Madeline, il ne succombera pas à la tentation, le jeu s'arrêtera là. Markali repousse gentiment les avances, se lève et rentre chez lui. Nikita a échoué... Ou a fait en sorte d'échouer??

Nikolaï a du retard; Corinne s'inquiète et se met à le chercher partout par téléphone. Où peut-il bien être? L'anxiété la gagne, et son regard se pose alors sur le flacon que lui a remis Madeline. Elle ingurgite sa première gélule... et attend son mari de pied ferme. Pour la première fois, Markali retrouve une épouse anormalement soupçonneuse qui s'est mise à contrôler ses déplacements. Il ne peut donc que lui mentir... Et Corinne n'a que Madeline à qui se confier... "S'il vous a menti, où était-il? Une autre femme?" Non, c'est impossible, son mari ne la tromperait jamais... "Je vous crois; mais c'est vous qui avez déboulé ici dans un état d'agitation extrême"... Son état de santé mentale commence visiblement à se dégrader. Mais, non, pas question d'arrêter les médicaments, "ils me font du bien"...

- Étape n°3: rendre l'épouse complètement folle...

Un téléphone qui sonne régulièrement et jamais personne au bout du fil: le harcèlement ne fait que commencer. Mais Madeline a également glissé à Corinne une carte de visite... En cas de besoin, question d'en avoir le coeur net... Une autre femme? Et si c'était vrai? Encore une gélule, et Corinne forme le numéro de ce détective privé qui pourrait l'aider. "Que puis-je faire pour vous?" Elle vient d'appeler... Michael!!

    

Michael qui, quelques temps après, se présente chez elle avec la preuve irréfutable de la trahison. Le fameux «dîner aux chandelles» cachait un piège: toute la scène a été filmée, puis habilement manipulée et truquée par Birkoff! Corinne visionne ainsi une cassette qui montre Nikita embrassant Nikolaï, et peut entendre son mari déclarer: "Cela faisait des années que je ne ressentais plus une chose pareille"... Et sa femme dans tout cela? "Notre mariage est moribond depuis longtemps. Je la quitterai après l'élection, quel que soit le résultat"... - "Ça suffit! Arrêtez-ça!"

    

Avec beaucoup de dignité, il faut l'avouer, «le détective» est payé et renvoyé. Mais Corinne, à cran et brisée, abandonnera très vite sa fierté... Nikolaï est dans tous ses états: il doit quitter le bureau en catastrophe et rentrer chez lui. Que se passe-t-il? Il fouillera toute la maison avant de trouver sa femme assise par terre, recroquevillée dans un coin, en sanglots et mi-hystérique. "Comment as-tu pu me faire ça?! Ne me touche pas salaud!" Sur la vidéo qui défile à l'écran, on peut voir Nikolaï et Nikita... faisant l'amour!!! Stupeur, effarement, incompréhension... Nikolaï ne peut que hurler la vérité et tenter par tous les moyens de rassurer Corinne: "Non! Je te jure que c'est un mensonge; ça n'est jamais arrivé! Quelqu'un a trafiqué la cassette!". Oui, il lui a menti, pour ne pas l'inquiéter inutilement, mais cette jeune femme lui a sauvé la vie, il lui était redevable d'un simple dîner, en gage d'amitié et de reconnaissance, rien de plus. Pour lui, il n'y a qu'une seule explication possible à ce désastre: "Quelqu'un essaye de me discréditer, sûrement pour m'empêcher de gagner les élections".

Nikita qui, entre-temps, a repris son poste de militante au Q.G. du parti, fournit à Birkoff des informations sur un numéro de compte en banque réclamé par Opérations. Elle restera bouche bée lorsqu'elle verra Markali entrer et foncer droit sur elle, furieux et l'accusant de tous les maux: "Qu'est-ce que ça veut dire Nikita? Pour qui travaillez-vous? Il y avait des caméras chez vous, et les images ont été truquées!" La surprise et le désarroi de Nikita ne sont qu'à moitié feints, puisque l'enregistrement a été fait à son insu! "Vous aimez croire en l'humanité", lui avait fait remarquer Madeline. Mais apprendra-t-elle un jour à se méfier de Madeline...?

Pour Nikolaï, la seule chose qui importe, c'est sauver son couple. Son agressivité est retombée et il se fait surtout implorant: "Que vous soyez impliquée ou pas, qui que vous soyez, quel que soit votre plan, vous ne pouvez pas détruire ma vie. SVP, Nikita, vous êtes la seule à pouvoir m'aider: allez la voir et dites-lui qu'il ne s'est rien passé!"

- Étape n°4: ... au point de tuer son mari! 

Jusqu'où peut aller l'infamie d'un plan pour assouvir une vengeance personnelle? Car certains indices ont bien fait comprendre à Birkoff et Nikita que c'est effectivement de cela qu'il s'agit... Mais qu'y changeront-ils? La mission ira de l'avant et Nikita ne pourra qu'exécuter la sale besogne qui l'attend. Elle se présente donc chez Corinne - sur qui l'effet des médicaments a déjà fait des ravages - et lui déballe son discours assassin... "Nikolaï voulait que je vous dise que la cassette est un faux, que je travaille pour quelqu'un qui essaie de détruire sa carrière politique". Jusque là, tout va bien; mais, il va vite prendre une autre tournure: "C'est du moins ce qu'il voulait que je vous dise. Il devait sans doute chercher... une façon élégante de sortir de votre vie"...! Qu'est-ce à dire??? "Tout est vrai: Nikolaï et moi, nous nous aimons. On se mariera après la campagne, quand il aura divorcé!"... Le coup de grâce vient d'être porté.

Nikolaï est demandé au téléphone: une certaine Docteur Ellis, la psychologue de Corinne. Que lui veut-elle? "Votre femme a besoin d'être hospitalisée. Elle est maniaco-dépressive, je crains pour sa sécurité"... Madeline l'invite donc à rentrer chez lui au plus vite... Tandis que, au même moment, Corinne reçoit la visite surprise du «détective privé» qui lui annonce que son mari vient d'acheter une arme au marché noir dans l'intention de la tuer! "J'ai posté des hommes devant la maison, il ne pourra pas entrer". "Vous n'en aurez pas besoin", mais «pour plus de sécurité», Michael lui met un revolver en main, la laissant ensuite seule, en proie au summum de la peur et de la paranoïa...

      

On imagine sans peine le dénouement final. Un carreau cassé, des coups de feu... et les trois gardes du corps qui jonchent à terre, «morts»: il n'en fallait pas plus pour convaincre Corinne que son mari est parvenu à entrer dans la maison et la cherche pour la liquider. Prise de panique, elle se couche au sol, rampe vers la table pour saisir son arme, se terre dans un coin avant d'aller s'accroupir dans la cage d'escalier, là où Nikolaï - qui vient d'arriver - la trouve enfin. Soulagé, il se précipite vers elle et reçoit, pour toute réponse... une balle en pleine poitrine!

No comment. Mission is over... La scène s'est déroulée sous les yeux de tous. Les larmes coulent sur les joues de Nikita, un sourire de satisfaction éclaire le visage d'Opérations... Michael ne doit pas avoir très bonne conscience lui non plus, même s'il a été finalement «prouvé» que Markali était lié de près aux terroristes... Seule Madeline semble y croire, peut-être... Mais chuuuut, nous ferons tous semblant d'y croire...

      

Laissons aussi Opérations, assis dans sa voiture, observer le départ de sa femme (grand bien lui fasse!) que des ambulanciers sont venus prélever. Direction: asile psychiatrique, en chaise roulante...

© Michèle Brunel  (Ce texte est légalement protégé par   

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