OUTSIDE THE BOX (S3.8 - Épisode 52)

Une  nouvelle  recrue

Scénario: Jim Korris     Réalisation: Gordon Langevin     Première diffusion: 4 avril 1999

Que dire de cet épisode au scénario mal ficelé, plein d'incohérences, où tout le monde est toujours de bonne composition et au cours duquel, après trois ans [...], Nikita prend «tout à coup» conscience de ne pas avoir commis le meurtre dont elle était accusée lors de son recrutement par la Section One? Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n'en pense pas grand chose. Sinon qu'il sert juste à ouvrir la voie aux multiples questionnements qui vont hanter Nikita jusqu'à la fin de la série quant à la raison de sa présence au sein de l'organisation. N'empêche qu'il aurait pu être un peu moins fade, moins ennuyeux, un peu plus étoffé ou rehaussé par des invités légèrement plus sympathiques ou charismatiques... Je vous laisse juge.

La révélation soudaine de son innocence se fera grâce à Benjamin Kruger (Christopher Bolton), un gars simple et abandonné à lui-même que Nikita était chargée d'aborder dans un bar afin de le conduire à l'extérieur, là où il tombera dans le guet-apens que lui a tendu la Section One.

      

Le scénario ressemble en effet étrangement à celui de l'enlèvement de Nikita, et Kruger, qui ne se doute de rien, écoute stupéfait Madeline lui raconter ce qu'il vient de se passer: «Vous vous êtes bagarré avec un homme, hier soir, dans un établissement public, devant plusieurs témoins. Vous l'avez tué 20 minutes plus tard dans une ruelle: on a trouvé des lambeaux de peau avec votre ADN sous ses ongles. Voici l'arme du crime, elle porte vos empreintes. Le vendeur d'une quincaillerie se souvient vous l'avoir vendue. Si vous étiez resté dehors, vous seriez déjà arrêté. Vous n'auriez aucune chance d'être acquitté: ce serait la prison à vie ou l'exécution. Coopérez et vous aurez peut-être la vie sauve»...!

    

Mais qu'a donc de si intéressant ce jeune homme aux allures de hippie, peu instruit et vivant de petits boulots? Réponse: «Il a une caractéristique génétique qui touche environ un individu sur 50 millions. Il a une mémoire photographique extrêmement développée». Et pour mener à bien une prochaine mission, la Section va avoir besoin de ses talents.

Explications: «Voici le manifeste d'un groupuscule nommé “Par Epistemen Taksis”, textuellement, “L'ordre par la science”. Ils ont accès à une grande variété de technologies destructrices et veulent les utiliser. Notre objectif, c'est leur LCI, leur “Liste de Corrélation des Identités” qui contient leurs chefs, leurs agents et tout leur réseau de contacts internationaux. Son acquisition présente des difficultés spécifiques. Le fichier est protégé par des capteurs numériques de pointe. Si on essaie de le copier ou de le télécharger, il s'autodétruira. Si on le photographie ou qu'on le filme, le système détecte une activité électromagnétique et il s'éteint». Par contre, on pourrait simplement le regarder... et le mémoriser. Et c'est ici que Kruger entre en jeu. Est-il à considérer comme une nouvelle recrue à titre officiel et permanent? «Non. S'il obtient des résultats et se comporte bien, il pourra retrouver sa vie d'avant»...

    

Nikita n'est toutefois qu'à moitié convaincue et fait sa petite enquête. Car il y a bien eu un meurtre, celui de Dobs, l'agent qui l'accompagnait dans le bar et qui jouait le rôle du harceleur-bagarreur avant de forcer Kruger à monter dans la voiture qui l'emmenait vers la Section One. Ce dernier ne peut donc pas être l'assassin: c'est clair, on a piégé un innocent, et Opérations lui a menti!

Pas de quoi émouvoir Michael, auprès de qui elle s'est rendue pour lui faire part de ses découvertes: Dobs était «suspendu», et Kruger «sera plus efficace s'il sait que s'évader est inutile»... Mais Nikita est sous le choc: des flashs lui reviennent, elle revit le moment de son arrestation, et comprend... Le schéma est identique au sien! "Ça arrive souvent, Michael?" - "Non, pas très souvent"...

Elle fait alors appel à Walter pour qu'il lui donne accès à son dossier, ce qu'il refuse; à quoi bon prendre un tel risque? À quoi cela lui servirait-il maintenant de savoir qu'elle n'était pas coupable et qu'est-ce que cela changerait à sa situation? "Walter, imagine qu'on m'ait arrêtée parce qu'on me voulait ici!" D'accord, mais pourquoi? Pour quelle raison? "C'est ça que je veux savoir!"

      

Nikita est de retour sur les lieux du crime et refait un bond dans le passé: elle se souvient clairement de l'homme qui l'a attirée dans la ruelle, lui offrant 5$ pour aller y déposer ses sacs poubelles. Elle retrouve son habitation et interpelle celui qui en sort. En vain: "Désolé, la description ne me dit rien. Je suis ici depuis 10 ans, je n'ai jamais vu aucun employé avec une cicatrice sur la joue".

      

Et si, comme pour Kruger, il s'agissait d'un agent de la Section One? Nikita connaît bien le chemin pour accéder aux fichiers du personnel: Adrienne, la zone interdite... Petite escapade au niveau 2 et recherche rapide dans la base de données. Quinze profils semblent correspondre, jusqu'à ce que... Ça y est! L'homme est rattaché à la cellule de Belgrade!

Elle se fera donc un plaisir, sur demande de Madeline, de s'occuper de «l'éducation» du petit génie censé les accompagner en mission, mais qui n'a aucune expérience du terrain, des armes, des fusillades, qui n'aime pas se battre et qui, surtout, craint pour sa vie. Nikita l'a trahi, pas facile dans ces conditions de renouer le contact; mais en échange de sa coopération, elle lui promet de l'aider et de le protéger. "Pourquoi?" - "Parce que je te suis redevable. Et que j'aurai peut-être aussi besoin de toi"... Que mijote-t-elle?

C'est ce que se demande également Michael, à qui la petite incursion de Nikita - qui ne pourra, par la suite, que s'enliser dans le mensonge - au niveau 2 n'a pas échappé: qu'y faisait-elle? "Je voulais consulter le profil psychologique de Kruger". Vraiment? "Tu ne savais pourtant pas qu'il te serait attribué avant que Madeline ne t'en parle"... Soit... Et a-t-elle trouvé des choses intéressantes? Oh, que oui!!

Pour Madeline [anormalement complaisante], l'important, c'est que Kruger progresse et soit fin prêt pour quand Birkoff «et assistants» [nous y reviendrons] auront enfin localisé l'emplacement de la fameuse LCI. Et, là-dessus, Nikita a sa petite idée... Quel meilleur entraînement pour ce garçon qu'une simulation réelle, une «vraie-fausse mission», "dans un endroit qui risque d'être semblable à celui qu'ils trouveront" [...], qui lui fera prendre conscience de ce qui l'attend? Et s'il tentait de s'échapper? Nikita se porte garant. Et que propose-t-elle? Belgrade, bien sûr... "OK. Je suspends le stand-by pour 4 heures". 

Le temps pour Nikita d'embarquer Kruger et de filer en Serbie avec pour seule mission de retrouver l'agent responsable de son arrestation et de régler ses problèmes personnels. Tandis que Benjamin est gentiment prié de monter... dans le coffre de la voiture, Nikita se dirige tout droit vers le bar que fréquente l'homme recherché, le suit aux toilettes et lui tombe dessus en lui enfonçant la lame d'un couteau sur la gorge! "Regardez-moi bien! Vous vous souvenez, il y a 3 ans: “tu veux te faire 5$, petite?” Vous prétendiez être l'employé d'une pizzeria. Je n'étais qu'une gosse. Cette nuit-là a ruiné ma vie!"...

      

Après avoir tenté de nier et de résister à la pression physique et psychologique que lui met Nikita, l'agent passe aux aveux: "OK, j'ai juste obéi aux ordres"... Dans ce cas, il devait connaître son identité et savoir pourquoi on la voulait...? "Je n'ai vu que le strict nécessaire". - "Alors trouvez mon dossier. Je veux savoir pourquoi je suis là, pourquoi ils m'ont ramassée dans la rue. Prenez votre temps, soyez prudent, mais trouvez-le!!" L'homme hésite encore, le risque est énorme, pourquoi le ferait-il? Par humanité? Par solidarité? Pour rendre service à titre de revanche? Les mots sont risibles quand on parle de la Section One... Mais bon, scénario oblige: il finit par céder. "Donnez-moi 24 heures. Sur le sous-canal 6. J'aurai votre dossier et tous les fichiers qui y sont liés. Ça risque d'être long: ne restez pas plus de 30 secondes, retenez le maximum et partez. Mon code est 7-John-4-Zoulou". 

Nikita peut enfin libérer Kruger et lui donner sa leçon à apprendre par coeur: "Voici un résumé de la simulation que tu es censé avoir faite. Mémorise-la". 10 secondes et c'est fait!! "Tout?" - "Oui, tout"... De quoi satisfaire tout le monde... ou presque. Car, à Michael, certains détails ne sont pas passés inaperçus et Nikita est sur la sellette: "À propos du compte-rendu de Kruger: on a l'impression qu'il a mémorisé ses réponses, sans les avoir vécues"... Et pourquoi n'y a-t-il pas d'images de la simulation? Les explications de Nikita ne tiennent pas la route. Alors... "Arrête de me mener en bateau, Nikita. Que se passe-t-il?" D'accord; il ne lui reste plus qu'à lâcher le morceau... "Je dois savoir pourquoi la Section m'a choisie. Même si tu ne m'aides pas, peux-tu au moins respecter ma démarche? Please..." - "Et si ce que tu trouves ne te plaît pas?" - "Ce sera toujours mieux que de ne pas savoir".

    

Mais revenons maintenant quelques temps en arrière. Parallèlement au recrutement de Kruger et aux investigations privées de Nikita, l'épisode a été en partie meublé par les mésaventures de Birkoff qui, pour résoudre plus rapidement le problème de la localisation de la LCI, s'est vu imposer «une aide» par Opérations. Et la surprise fut loin d'être agréable, car le nouvel accompagnateur en question est... le perfide et arrogant Greg Hillinger (Kris Lemche), l'autre «petit génie» de Fuzzy Logic (S2/E15) qui croyait pouvoir défier indéfiniment la Section One... et qui fut finalement recruté à titre définitif! "Et vous êtes priés de collaborer main dans la main, compris?"... Oui, chef!

«Le beau gosse» en profite aussitôt pour se mettre en valeur devant Tatyana (Lara Wickes) - une jeune informaticienne qui voue une dévotion sans bornes à Birkoff grâce à qui elle a pu accéder au centre des Commandes et devenir son assistante -, et met rapidement son plan à exécution: piéger la jeune femme pour lui voler sa place! De longues minutes d'images et de dialogues sans intérêt doublées d'un semblant d'intrigue sans le moindre suspense juste pour en arriver là...!? Les scènes sont d'une banalité surprenante pour une série d'aussi grande qualité...

      

Donc, très brièvement: Tatyana a conçu un nouveau programme et Greg qui, insidieusement, lui a refilé le mot de passe, va l'inciter à le tester sur l'ordinateur de Birkoff pendant que celui-ci assiste au briefing. Lorsqu'il revient et constate l'intrusion dans son système, il tombe dans le panneau et croit Hillinger sur parole: Tatyana est probablement une espionne qu'il va devoir «livrer aux autorités»... Mais Opérations est déjà au courant et en informe Madeline: "Nous avons un problème, un système de protection a été violé, des fichiers ont été lus". - "Birkoff s'en occupe?" - "Le fait est que la fuite vient de son secteur. J'espère que ce n'est pas lui"...

Suite de l'histoire: "Suivez-nous"... Deux agents viennent de «prier» Tatyana de les suivre. Birkoff, la mort dans l'âme, l'a dénoncée... tout en n'étant pas entièrement convaincu de sa culpabilité: "Je ne comprends pas; elle n'est pas assez calée pour pirater mon mot de passe". Elle, non, mais lui, Greg, si!!! Birkoff réalise enfin que tout ce que lui raconte Hillinger (et je vous fais grâce des détails) n'est qu'un tissu de mensonges. Une violente dispute éclate... interrompue par Opérations: "Je vous dérange? Une fois qu'Hillinger aura terminé sa formation, il prendra la place de Tatyana et deviendra ton assistant". Beau cadeau! Surtout quand on sait que le but final du génie c'est surtout de prendre la place de Birkoff!

      

Nouvelle mission pour Michael, Nikita et Kruger, rapide comme l'éclair... Mais sans le moindre éclat... La LCI a été localisée au deuxième étage d'un bâtiment: Michael surveille le périmètre, tandis que Nikita couvre Kruger qui n'a que quatre minutes pour mémoriser des kilomètres de fichiers. Un assaillant débusque d'on ne sait pas trop où [question de nous faire peur...] et Nikita lui règle son compte. Voilà, terminé. Tout le monde rentre gentiment au bercail...

Madeline est satisfaite et ne sourcille même pas lorsque Nikita lui sort une absurdité grosse comme une maison: "J'aimerais travailler davantage avec Kruger, pour le futur, pour qu'il ne perde pas sa concentration. Il a eu un ou deux trous de mémoire. Je crois que je pourrais y remédier en quelques jours"... Permission accordée.

      

Car pour Nikita, le moment tant attendu est enfin arrivé: son dossier a dû lui être expédié de Belgrade et elle a besoin de Kruger pour le mémoriser en 30 secondes. Elle le sortira donc de sa cellule et l'entraînera avec elle au niveau 2: "Je veux tout savoir, tout!" Mais c'était sous-estimer la Section One: enfin un petit rebondissement digne de l'endroit où nous nous trouvons! "Code-clé de recherche incorrect"... "Détenteur annulé". L'agent qui avait accepté de l'aider est mort, tué le matin-même!

Atterrée, Nikita tente d'en savoir plus et interroge son ami: "Birkoff, un de mes amis a été assassiné hier à Belgrade. Je veux savoir ce qui c'est passé". Hélas, le secret restera bien gardé: "Code-clé 7-J-4-Z... Non attribué". L'homme qu'elle recherche n'a jamais existé...

Se doute-t-elle qu'elle est observée par Madeline et Opérations lorsqu'elle s'éloigne et se heurte à Michael... dont elle n'a toujours pas compris qu'il lui est ami... mais seulement jusqu'à un certain point? "Bonne nuit, Michael". Elle vient de comprendre....

"Elle veut savoir pourquoi elle travaille ici". - "C'était inévitable"... Que cache le recrutement de Nikita???

Espérons surtout que le prochain épisode soit un peu plus palpitant...

© Michèle Brunel  (Ce texte est légalement protégé par  ).

Toute reproduction d'un quelconque article de ce blog est strictement interdite.